Med News 02/2020
ÉDITORIAL
Par Gaetano Leone, Coordinateur du Plan d’Action pour la Méditerranée du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE/PAM) - Secrétariat de la Convention de Barcelone
La dernière fois que j’écrivais cet éditorial pour la lettre d’information MED-NEWS, COVID-19 pointait à l’horizon comme une menace mondiale sans précédent. La crise s’est accélérée depuis et nous commençons à présent à prendre la mesure du lourd tribut que la pandémie laisse dans son sillage en pertes de vies humaines, en souffrance et en dégâts économiques.
Les pays méditerranéens ont pris des mesures visant à aplatir la courbe des infections, y compris à travers des périodes de confinement de plusieurs semaines et, dans certains cas, de plusieurs mois. A Athènes, l'Unité de coordination du PNUE/PAM applique des modalités de travail alternatives depuis la mi-mars ; le télétravail assure la poursuite de nos activités. Nos Centres d'activités régionales, en fonction de la situation dans leur pays d'accueil, ont également mis en place des modalités de travail similaires.
Pour notre personnel, le télétravail généralisé relevait d’un voyage en terre inconnue. En dépit des restrictions de déplacements, nous sommes parvenus à maintenir le cap et aussi à mener nos activités d'une manière efficace. Des réunions importantes des organes du PNUE/PAM, y compris la réunion du Bureau – la première depuis la COP 21 (Naples, 2-5 décembre 2019)—et la réunion du Comité de pilotage de la Commission méditerranéenne du Développement durable (CMDD) se sont déroulées sans encombre, avec de riches discussions et une expression renouvelée de soutien indéfectible au système PNUE/PAM-Convention de Barcelone.
Dans cette situation inouïe et fidèles à notre engagement envers les Parties contractantes, nous avons entrepris d’esquisser les grandes lignes d’une réponse systématique, coordonnée et cohérente aux défis émergents créés par la pandémie. Le plan de réponse que nous avons élaboré couvre les implications de l'urgence médicale et humanitaire et les modalités d’une contribution du PNUE/PAM au changement requis. Le document identifie également des pistes pour mieux reconstruire en Méditerranée dans l’ère post COVID-19.
A bien des égards, la Déclaration ministérielle de Naples adoptée à la COP 21 comprend des aspects fondamentaux à prendre en compte dans la planification d'une renaissance verte : changement climatique, déchets marins, conservation de la biodiversité et une économie bleue durable. Le Rapport sur l'état de l'environnement et du développement (SoED), que nous prévoyons de publier bientôt, conjointement avec notre Centre d'activités régionales Plan Bleu et avec le soutien du PNUE, apporte aussi des éclairages sur les causes sous-jacentes à la dégradation environnementale observée dans l’environnement marin et côtier dans notre région. La connaissance des interactions entre l'environnement et le développement en Méditerranée revêt une importance cruciale : elle permet de tirer les leçons des erreurs du passé pour mieux reconstruire.
La mise en œuvre des actions prioritaires identifiées dans notre plan de réponse COVID-19 reposera sur le partenariat et la coordination avec les Parties contractantes, la CMDD, les agences onusiennes, les Accords multilatéraux sur l'environnement (AME), ainsi qu’avec les Partenaires du PAM, qui comptent dans leurs rangs des représentants de la société civile méditerranéenne dynamique.
Pendant ce temps, la mise en œuvre du Programme de travail de l'exercice biennal 2020-2021 a démarré avec l'activation de processus importants, à l’image de la mise en œuvre de la feuille de route pour la possible désignation de la Méditerranée comme zone de contrôle des émissions d’oxydes de soufre. Nous avons également entamé la mise à jour et l'élaboration de nouvelles mesures juridiquement contraignantes dans le cadre de trois plans régionaux sur la gestion des eaux usées, la gestion des boues et la gestion des déchets marins conformément à l'article 15 du Tellurique de la Convention de Barcelone.
Parmi les activités majeures de l’exercice biennal en cours figure le lancement du « Programme de la Mer Méditerranée (MedProgramme) : amélioration de la sécurité environnementale » doté d’un budget de 43 millions de dollars (USD). L’événement de lancement aura lieu du 20 au 22 juillet 2020 avec la participation des pays bénéficiaires, à savoir l’Albanie, l’Algérie, la Bosnie-Herzégovine, l’Égypte, la Libye, le Liban, le Maroc, le Monténégro, la Tunisie et la Turquie, et de nos partenaires dans la mise en œuvre de ce programme. MedProgramme, dont le PNUE/PAM est la principale agence d'exécution, apportera une contribution importante aux efforts en cours dans la région dans le cadre de notre partenariat stratégique avec le Fonds pour l'environnement mondial (FEM).
Parallèlement et suite à son lancement le 10 mars 2020, le nouveau projet IMAP-MPA financé par l'Union européenne (UE) a vu l'adoption de documents de travail et de plans d'action portant sur deux volets principaux : renforcer les capacités nationales de surveillance intégrée de la mer Méditerranée et de son littoral, et l'amélioration de la gestion des aires marines protégées dans la région.
Actuellement, nous sommes en train de finaliser deux documents de projet supplémentaires financés par l'UE, à savoir « EcAp Med III » et « Marine Litter MED II ». Le projet EcAp MED III soutiendra la mise en œuvre du Programme intégré de suivi et d'évaluation (IMAP) et générera des données de qualité qui alimenteront la prochaine édition du rapport sur l'état de la qualité de la Méditerranée (MED QSR), qui sera livrée en 2023 conformément aux décisions adoptées par les Parties contractantes à la COP 20 et à la COP 21.
Le projet Marine Litter MED II renforcera la mise en œuvre des plans régionaux de gestion des déchets marins en Méditerranée. Il soutiendra le suivi et l'évaluation, ainsi que des actions de terrain dans les pays du sud de la Méditerranée, dans le but de réduire et de prévenir le déversement des déchets marins dans les zones pilotes.
Sur ce dernier point, nous évaluerons dans quelle mesure l'utilisation généralisée des équipements de protection individuelle jetables et des désinfectants chimiques contre le coronavirus peut entraîner le déversement de déchets supplémentaires et de substances potentiellement dangereuses dans les zones marines et côtières. Notre objectif dans ce cadre est d’articuler le plus rapidement possible des réponses à ces défis émergents qui risquent d’aggraver une situation déjà difficile causée par l’accumulation des déchets marins en Méditerranée.
Nous sommes déterminés à soutenir notre région en mobilisant tout l'arsenal d'expertise et de connaissances dont nous disposons au sein du système du PNUE/PAM – Convention de Barcelone. Il serait vain de chercher un trait positif dans la pandémie du COVID-19. Néanmoins, nous croyons que notre région doit saisir une occasion historique pour une relance intelligente dans l’ère post-pandémie. Les principaux éléments de notre réflexion sur le sujet se trouvent dans nos appels récents à une renaissance verte en Méditerranée, que vous trouverez dans cet article que le PNUE a publié à l'occasion de la Journée internationale de la diversité biologique et dans mon message au nom du PNUE/PAM à l'occasion de la Journée mondiale des océans.
Vous pouvez nous suivre sur notre compte twitter (@UNEPMAPNews) et rejoindre la conversation en utilisant l’hashtag #BarcelonaConvention.
17 juin 2020